Article de Bruno Clavier dans la revue le Coq Héron
POUR OBTENIR LE NUMERO OU BIEN L'ARTICLE DE BRUNO CLAVIER AUPRES DE LA REVUE LE COQ HERON
cliquez sur LE LIEN CI DESSOUS
Les psychanalystes et leurs écrivains : un maillage intime
Les références à la littérature, telles celles bien fréquentes à Shakespeare et bien sûr celle à La Gradiva de Jensen, imprègnent à tel point l'ensemble de l'évolution de l'oeuvre freudienne qu'on ne peut en négliger l'impact auprès de ses lecteurs et successeurs en psychanalyse. La plupart d'entre eux continuent d'écrire et d'analyser avec une pensée ainsi fort imprégnée par les écritures de Freud et des autres cliniciens pionniers et penseurs en psychanalyse, mais aussi par celles de quelques-uns de leurs écrivains familiers et grands compagnons de lecture. Le psychanalyste ne serait-il pas donc intimement habité par l'oeuvre d'un écrivain qu'il privilégie, et qui fertilise ainsi ses propres rhizomes métapsychologiques ? L'oeuvre littéraire et l'écriture poètique viennent figurer ou mettre en composition des processus psychiques que le psychanalyste explore et découvre également par d'autres cheminenemts, au sein de la cure avec l'analysant, comme a pu l'explorer E. Sharpe,. Ces chemins de pensées différent et pourtant se rejoignent dans leurs quêtes et ouvertures. Alors « la pensée d'une oeuvre contribue-t-elle à mettre en forme, (...) celle de l'analyse au travail ? Donc celle de l'analysant ?(...) la fiction d'une oeuvre peut-elle s'intégrer au processus analytique et favoriser l'émergence d'une vérité propre à l'analysant ? A l'analyste ? Au transfert ? » ; interrogations que P. Herlem a souhaité rassembler lors d'une journée d'étude, et que nous prolongeons en ce numéro, sur ces questions complexes de compagnonnage et d'entrelacements de pensées avec cet intime proche du psychanalyste qu'est l'écrivain de son choix.
ARTICLE DE BRUNO CLAVIER : LES IDENTIFICATIONS D'ARTHUR RIMBAUD
Œdipe, Hamlet, identification inconsciente, répétition, transmission, fantôme, mère morte, prince charmant
RÉSUMÉ
Dans ses premières définitions de l’Œdipe, Freud associait au mythe grec la tragédie de Hamlet dans laquelle il n’est pas question de rivalité avec le père mais avec l’oncle paternel. Des histoires familiales montrent fréquemment comment un oncle, cette fois-ci maternel, peut représenter un modèle d’identification inconsciente en lieu et place d’un père défaillant. Après une fulgurante œuvre poétique, Arthur Rimbaud aurait poursuivi sa vie en Afrique sur les traces de son père, ancien militaire sur ce continent. Cependant, il semble que le poète ait été bien plus fortement hanté par son oncle maternel dont il eut pratiquement le même destin, oncle révolté et fugueur qui s’engagea à 17 ans dans la légion d’Afrique après une « méchante affaire », au désespoir des siens. Le jeune Arthur se serait alors identifié au frère de sa mère, décédé quand il avait 1 an : la construction œdipienne se révèle donc, dans ce cas, plus complexe qu’une triangulation classique de type « enfant-père-mère ».